Pour son défilé l’école de samba Paraíso do Tuiuti a exalté la force de la résistance et la quête de liberté dans un carnaval poignant
Avant-dernière école de la soirée, l’école de samba Paraíso do Tuiuti a proposé un thème poignant en rendant hommage à un héros de l’histoire brésilienne: João Cândido Felisberto.
Intitulé « Glória ao Almirante Negro » (Gloire à l’Amiral Noir), ce thème développé par le Carnavalesco Jack Vasconcelos a retracé l’histoire et la lutte de ce descendant d’esclaves affranchis. Célèbre figure noire du Brésil, il a mené la Révolte de la Chibata (révolte du fouet) en 1910 contre les mauvais traitements infligés aux noirs dans la marine brésilienne.
Plus généralement, ce défilé avait pour objectif de mettre en valeur la lutte contre les préjugés, l’injustice et la lutte pour les droits de l’homme.
Sous la houlette de Claudia Mota et Edifranc Alves, la commission de front a su, grâce à des solutions esthétiques assez simple à bien illustrer l’essence du thème de l’école.
La première partie s’est déroulée au sol avec un ensemble de danseurs(euses) habillés en pécheur qui représentaient leur activité artisanale et la transmission des traditions dans des chorégraphies élaborées.
La deuxième partie a pris place sur un grand élément mobile représentant à la fois un coffre et un bateau.
Dans un enchaînement chorégraphique émouvant, les artistes qui incarnaient cette fois-ci des marins qui acclamaient João Cândido, dévoilaient en baissant leur veste les tristes stigmates de leur maltraitance.
Dans une excellente harmonie, le premier couple de porte-drapeau et maître de cérémonie Dandara Ventapane et Raphael Rodrigues a présenté un ballet élaboré avec des pas très diversifiés, mis en valeur par une grande qualité d’exécution. Leur charme et leur vigueur a confirmé le grand style que ce couple a mis en place au fil des années.
Leurs somptueux costumes dans un florilège de bleus clairs, parsemés de coquillages et de blanc pour l’écume, représentaient la mer comme source de vie.
Parmi les secteurs marquants du défilé, on peut citer la représentation des batailles navales, des moments de rébellion, ainsi que les tableaux représentant la culture afro-brésilienne dans toute sa richesse et sa diversité.
Les costumes de Tuiuti, avec beaucoup de créativité et de beaux matériaux, offraient une lecture facile pour le public et racontaient bien le thème.
Les nombreuses palettes de couleurs utilisées pour illustrer l’atmosphère de l’intrigue s’enchaînaient dans des nappes colorées et bien distinctes.
Mentions particulières pour les costumes des bahianaises, qui dans des tons bleus océan portaient des ornements dorés et argentés qui avec leurs reflets, simulaient poétiquement les couleurs d’un couché de soleil sur la mer.
Paraíso do Tuiuti a présenté 5 chars allégoriques dans l’avenue.
Le char d’ouverture (abre ala) véritablement gigantesque a été un des plus grands de cette saison de carnaval. Il était constitué de 3 châssis accouplés et de 3 énormes chevaux mobiles à l’avant qui semblaient tracter l’ensemble.
Le char représentait entre autres l’esclavagisme, la monarchie et la république.
Véritablement remarquable, la Bateria a eu beaucoup d’impact et a été une grande source d’énergie pour tous les participants. Son rythme enivrants a largement contribués à animer le défilé.
Emmenée par le maître Marcão, les percussionnistes ont dévoilés beaucoup d’effet rythmique bien ciselé et percutant.
En résumé, le défilé de Paraíso do Tuiuti a été un hommage poignant aux épreuves et au poids de l’héritage historique brésilien.
Malgré un chant inconstant de la part des carnavaliers et quelques lourdeurs dans l’évolution, l’école a su captiver les spectateurs en transmettant un message puissant d’unité et de célébration de la diversité, grâce à des éléments intenses et une musique envoûtante.
Les photos du défilé du Paraíso do Tuiuti (Carnaval de Rio 2024)
Photos: Andiara Macedo
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